Le 27 juillet dernier le jury du Man Booker Prize a annoncé les titres des 13 romans en compétition cette année pour la remise du prix littéraire le plus prestigieux dans le monde anglophone.
Qu’est-ce que le Man Booker Prize ?
Il s’agit d’un prix littéraire créé en 1968, qui récompense les romans de fiction écrits en langue anglaise, provenant de n’importe quel pays pourvu qu’ils aient été publiés au Royaume-Uni.
Le prix portait à l’origine le nom de Booker-McConnell Prize, jusqu’à ce qu’il soit sponsorisé par Man Group en 2002 et change donc de nom.
Depuis cette période, le gagnant remporte la modique somme de 50.000£ (un peu plus de 58.000 euros), et évidemment une gloire internationale puisque le livre lauréat est en général ensuite traduit dans des dizaines de langues.
Il s’agit de la plus forte récompense associée à une œuvre de fiction.
A titre de comparaison, le gagnant du Goncourt remporte lui aussi une renommée certaine, mais assortie d’un simple chèque de … 10 euros.
Parmi les gagnants on peut citer les célèbres :
- Salman Rushdie en 1981 avec Midnight’s Children (« Les Enfants de Minuit » chez Stock en 1983)
- Kingsley Amis en 1986 avec The Old Devils (« Les Vieux Diables » chez Littérature européenne, coll. Douze étoiles en 1988)
- Margaret Atwood en 2000 avec The Blind Assassin (« Le Tueur Aveugle » chez Robert Laffont en 2000)
- Julian Barnes en 2011 avec The Sense of an Ending (« Une fille, qui danse, » chez Mercure de France en 2013)
En 2015, c’est le jamaïcain Marlon James qui a remporté le Man Booker Prize avec A Brief History Of Seven Killings. Le livre sortira le 17 août prochain en France sous le titre « Brève Histoire de sept meurtres » aux éditions Albin Michel.

Brève Histoire de sept meurtres par marron James (Man Booker Prize 2015) – éd. Albin Michel

A brief History Of Seven Killings by Marlon James (Man Booker Prize 2015) – éd. OneWorld Publications
De quoi ça parle ? En 1976, 7 hommes font irruption dans la chambre d’hôtel de Bob Marley en Jamaïque et lui tirent dessus le blessant en plusieurs endroits. Deux jours plus tard le chanteur donne un concert comme si de rien n’était. Mais il disparaît ensuite du pays et ne revint pas avant deux ans. marron James imagine alors une biographie de ces hommes racontée par les témoins voire certains fantômes, par les tireurs, par les membres du gouvernement… bref plus de 600 pages racontant la drogue, les complots, mettant en scène la CIA et le FBI autour de dizaines de personnages. Une vraie fresque rocambolesque… Et du coup la couverture française du livre me semble bien pauvre par rapport à l’édition anglaise et son vinyl plus évocateur de l’époque. Mais c’est mon avis !
Qui sont les 13 sélectionnés cette année ?

Man Booker Prize – Longlist 2016
Voici la liste longue donc :
- The Sellout – Paul Beatty (US) ; éd. One world
{« Moi contre les États-Unis d’Amérique », traduit par Nathalie Bru, Cambourakis, 2015}
Pour servir ce qu’il croit être le bien de sa propre communauté, un afro-américain va aller jusqu’à rétablir l’esclavage et la ségrégation à l’échelle d’un quartier, s’engageant dans une forme d’expérience extrême et paradoxale qui lui vaudra d’être trainé devant la Cour suprême.
- The Schooldays of Jesus – J.M. Coetzee (Afrique du Sud-Australie) ; éd. Harvill Secker
David est un petit garçon qui pose beaucoup de questions. Il est pris en charge par Simon et Inès qui l’encouragent à s’inscrire dans une académie de danse. Là il va découvrir des règles de vie et le monde des adultes. Il va apprendre à grandir.
- Serious Sweet – A. L. Kennedy (UK) ; éd. Jonathan Cape
Jon a 59 ans ; fonctionnaire du gouvernement il déteste son job et ses collègues. Meg, 45 ans, quant à elle est comptable et n’attend plus grand chose de sa vie. l roman se passe à Londres pendant 24 heures situées en 2014, et l’on va suivre ces deux personnages au cours d’une journée pas comme les autres. - Hot Milk – Deborah Levy (UK) ; éd. Hamish Hamilton
Une mère et sa fille arrivent dans une petite ville espagnole à la recherche de médecins : la mère de Sofia souffre d’une paralysie spontanée qui la cloue à une chaise roulante. Sofia, elle a joué les détectives pendant une bonne partie de sa vie cherchant à comprendre d’où vient la maladie qui ronge sa mère. Arrivée au fin fond de ce désert espagnol, Sofia va surveiller le Docteur Gomez et ses étranges méthodes qui vont l’affecter également…
- His Bloody Project – Graeme Macrae Burnet (UK) ; éd. Contraband
En 1869, un adolescent âgé de 17 ans est arrêté, accusé de triple meurtre. Il n’y a aucun doute sur sa culpabilité en revanche on ne connaît pas ses motivations. Pourquoi a-t-il tué ces trois personnes ? Est-il complètement fou ?
- The North Water – Ian McGuire (UK) ; éd. Scribner UK
Au 19ème siècle, un navire de pêche à la baleine part pour l’Arctique avec un assassin psychopathe à son bord ainsi qu’un chirurgien… les deux hommes vont se confronter pendant tout ce voyage.
- Hystopia – David Means (US) ; éd. Faber & Faber
Ce roman, se passant dans une réalité alternative ré-écrit l’ère de la guerre du Viet-Nam. Eugene Allen rentre de la guerre et à 22 ans il décide d’écrire un roman sur son expérience. Son manuscrit est retrouvé quelques jours après sa mort. Il sera publié avec les notes de sa famille et de son éditeur. Et c’est ce manuscrit que nous retrouvons en tant que lecteur. c’est donc un livre dans un livre. Situé dans un monde où JF kennedy est toujours président et où une organisation a été mise en place afin de nettoyer les cerveaux de ceux qui rentrent du bourbier vietnamien. - The Many – Wyl Menmuir (UK) ; éd. Salt
Timothy s’installe dans un petit village côtier, dans une demeure abandonnée qu’il compte rénover pour s’y installer avec sa femme Lauren. mais les habitants ne voient pas d’un bon oeil ce nouvel habitant et les questions de Timothy sur les précédents propriétaires de sa maison vont apparemment énerver ses voisins et aggraver leurs relations.
- Eileen – Otessa Moshfegh (US) ; éd. Jonathan Cape
{« Eileen », traduit par Françoise du Sorbier, Fayard, 2016}
Une vieille femme se souvient avec un cynisme minutieux de la semaine qui a fait basculer sa vie cinquante ans plus tôt.
En 1964, aors âgée de vingt-quatre ans, elle vit avec son père alccolique dans une maison délabrée, près de Boston, et travaille comme agent d’accueil dans une prison pour délinquants mineurs. Elle subit cette existence sinistre avec un mélange d’impuissance, de colère et de haine – contre elle-même surtout. L’arrivée d’une fascinante jeune femme fraîche émoulue de Harvard et chargée de mission après des détenues joue un rôle de détonateur. Dès lors, tous les mécanismes s’emballent…
- Work Like Any Other – Virginia Reeves (US) ; éd. Scribner UK
{« Un Travail Comme Un Autre », traduit par Carine Chichereau, Stock, 2016}
Roscoe T Martin est fasciné par cette force plus vaste que tout, plus grande que lui, qui se propage avec le nouveau siècle : l’électricité. Il s’y consacre, en fait son métier. Un travail auquel il doit pourtant renoncer lorsque Marie, sa femme, hérite de l’exploitation familiale. Année après année, la terre les trahit. Pour éviter la faillite, Roscoe a soudain l’idée de détourner une ligne électrique de l’Alabama Power. L’escroquerie fonctionne à merveille, jusqu’au jour où son branchement sauvage coûte la vie à un employé de la compagnie.
- My Name Is Lucy Barton – Elizabeth Strout (US) ; éd. Viking
Lucy Barton se remet d’une opération à l’hôpital. Sa mère vient alors lui rendre visite et elles se mettent à discuter de plein de sujets simples mais qui les rapprochent un peu et qui vont aussi nous permettre de mieux comprendre d’où viennent ces deux femmes.
- All That Man Is – David Szalay (Canada) ; éd. Jonathan Cape
On suit la vie de neuf hommes, à un âge et à un stade différent de leurs vies, dans des villes différentes. Les neuf parties des vies de ces neuf hommes vont former comme un arc qui veut nous faire comprendre le sens de l’existence, les failles de l’homme moderne et nous emmener à travers plusieurs pays d’Europe.
- Do Not Say We Have Nothing – Madeleine Thien (Canada) ; éd. Granta Books
A Vancouver en 1990, un an après le suicide inexplicable de son père, Marie ainsi que sa mère reçoivent la visite de Ai-ming, une jeune femme ayant fuit la Chine suite aux protestations de Tiananmen. A travers Ai-ming, Marie va essayer de reconstituer son histoire : l’amitié qui lia leurs pères, alors talentueux musiciens au Conservatoire de Shanghai, et les pérégrinations de leurs deux familles à travers la Révolution culturelle de la Chine.
Une sélection plutôt variée avec 5 auteurs américains, 5 provenant du Royaume-Uni, 2 canadiens, 1 sud-africain. 6 hommes et 7 femmes. Il y a également un bon mélange de grandes maisons d’édition et de petites maisons indépendantes.
Malgré tout, la liste a provoqué l’ire de certains défenseurs de la diversité au Royaume-Uni : il n’y a que 3 auteurs de couleur dans la liste et ils sont américains. (Vous pouvez aller lire cet article sur le sujet : https://www.theguardian.com/books/2016/jul/28/man-booker-prize-longlist-is-a-disappointment-for-diversity-2016)
Sachant que le gagnant de l’an passé est jamaïcain cette remarque sur la diversité de la sélection du Man Booker est peut-être un peu extrême quand même…
Le plus connu de cette liste et le grand habitué maintenant c’est J. M. Coetzee : l’auteur sud-africain a déjà remporté deux fois le Man Booker prize. D’abord en 1983 avec Life and Times of Michael K (en français « Michael K, sa vie, son temps », trad. Sophie Mayoux, Seuil, 1985), puis en 1999 avec Disgrace (en français « Disgrâce », trad. Catherine Lauga du Plessis, Seuil, 2001)
A signaler aussi la présence de 4 premiers romans : Hystopia de David Means, The Many de Wyl Menmuir, Eileen de Otessa Moshfegh, et Work Like Any Other de Virginia Reeves.
Le titre plus étonnant de cette liste c’est ce petit thriller, paru l’an dernier dans l’anonymat le plus complet : His Bloody Project de Graeme Macrae Burnet n’est qu’un petit policier aux yeux de certaines critiques mais selon les juges c’est un roman qui transcende son genre .. A lire donc !
Les booktubers et autres blogs littéraires que je suis activement ont eu un peu de mal à déceler les 13 nommés, sauf pour Elizabeth Strout, qu’ils avaient souvent pronostiqués dans leurs sélections personnelles. Elizabeth Strout c’est l’auteur de Olive Kitteridge, cette histoire adaptée pour la télévision il y a deux ans. Le livre avait obtenu le Prix Pulitzer en 2009. Cette fois la romancière américaine publie un roman sur les liens mères-filles, comme résumé dans la liste un peu plus haut.
Pour ma part j’ai acheté pour l’instant Do Not Say We Have Nothing de Madeleine Thien, et Serious Sweet de A. L. Kennedy, tout simplement parce que les histoires me plaisaient, mais je n’ai absolument aucune idée du parcours qu’ils feront vers la victoire !
J’en lirais sûrement deux ou trois voire quatre de cette liste (pourquoi pas le Coetzee, le Burnet, ou le Strout)si j’ai le temps avec la rentrée littéraire française qui se profile aussi, mais je m’intéresserai plus particulièrement aux livres du Man Booker lorsque la short list nous sera révélée le 13 septembre prochain ! Il n’y en aura alors plus que 6 normalement.
Le gagnant lui sera annoncé le 25 octobre !
A vos pronostics !
5 Comments
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